Noël : pourquoi est-ce si douloureux pour certains ?
Noël arrivant, les lumières scintillent, les rues se remplissent de musiques festives, et pourtant, pour beaucoup de personnes, Noël peut être une période douloureuse. Cette fête, qui symbolise traditionnellement la joie, la réunion familiale et le partage, peut raviver des blessures profondes ou accentuer des souffrances préexistantes. Mais pourquoi Noël suscite-t-il autant d’émotions négatives chez certains ?
Les attentes sociales et la pression culturelle
Noël est souvent associé à une idéalisation : des familles unies, des repas somptueux, des cadeaux parfaits. Cette image d’Épinal ancrée dans l’inconscient collectif, relayée par les médias et les réseaux sociaux, peut être difficile à supporter pour ceux dont la réalité diffère. Les personnes isolées vivent mal le sentiment de solitude accentuée par la norme où tout le monde semble se retrouver avec des proches. Il y a ceux qui se confrontent à un conflit familial larvés par des non-dits et des attentes affectives de leur entourage. Et puis il y a ceux ceux qui ressentent une angoisse mal définie à l’approche des fêtes. L’arrivée de ces grandes réunions familiales va générer un profond sentiment d’échec, de dégoût, de rancœur et de frustration.
Le réveil de certains souvenirs
Noël pour beaucoup d’entre nous au fond réveille des souvenirs douloureux, fait remonter de vieilles histoires qu’on tente de refouler, des moments de la petite enfance qui ont été éprouvants qui ne sont toujours pas digérés. La perte d’un être cher, par exemple, peut rendre cette période insupportable. Souvent, les familles recomposées vont être le théâtre de grands dilemmes cornéliens, des enfants peuvent se sentir déchirés entre deux familles. L’hyperstimulation émotionnelle, les repas copieux et les interactions sociales intenses peuvent être accablants. Noël devient alors un événement à redouter plutôt qu’à célébrer.
Les enjeux de Noël
La période de Noël met souvent en lumière des injonctions paradoxales. D’une part, on attend de chacun qu’il ressente et exprime de la joie, et d’autre part, on impose des normes sociales ou des dogmes familiaux qui accentuent les frustrations et les manques. Par exemple, la pression à maintenir des traditions ou à afficher une certaine image peut conduire à un sentiment d’inadéquation. Ces injonctions contradictoires peuvent amplifier la culpabilité, notamment pour ceux qui se sentent incapables de répondre à ces attentes.
Le principe de loyauté
Le principe de loyauté familiale joue également un rôle important. La loyauté est définie par rapport à un système relationnel, des schémas et des patterns qui relient un membre de la famille à un autre ou au groupe. Nombreux sont ceux qui participent à des réunions ou à des échanges par devoir, par peur de décevoir ou par attachement à des obligations implicites, des chantages affectifs. Cette dette inconsciente envers la famille, souvent intériorisée dès l’enfance, peut générer un stress émotionnel considérable. Parfois, cette loyauté peut entrer en conflit avec les besoins individuels, créant un sentiment de tiraillement entre soi et les autres.
Les jeux de rôles et les schémas familiaux
Les réunions familiales de Noël, souvent idéalisées, peuvent également devenir des espaces où les dynamiques relationnelles et les schémas familiaux anciens refont surface. Chaque membre de la famille tend à occuper un “rôle” attribué, parfois depuis l’enfance : l’enfant rebelle, le pacificateur, le bouc émissaire, ou encore le « parfait » (voir mon article sur le triangle de Karpman ). Ces rôles, bien qu’implicites et inconscients, influencent grandement les interactions lors des festivités. Dans ces moments, les conflits latents peuvent ressurgir, amplifiés par l’intensité émotionnelle de la période. Par exemple, des tensions non résolues entre frères et sœurs, ou encore des dynamiques de favoritisme parental, peuvent devenir évidentes et raviver des blessures anciennes. Ces schémas familiaux peuvent entraîner des sentiments d’étouffement ou d’injustice, mais il est aussi possible d’y voir une opportunité pour mieux comprendre ses propres réactions et ses besoins.
Comment traverser cette période ?
Comprendre ces dynamiques, avec l’aide d’une introspection ou même d’un accompagnement psychologique, permet souvent de briser ces cycles et d’aborder les réunions avec un regard différent. Si vous trouvez Noël douloureux, voici quelques pistes pour vous aider à traverser cette période :
- Accepter ses émotions : Reconnaître que cette période est difficile pour vous est une première étape essentielle. Il n’y a pas de honte à ne pas aimer Noël.
- Repenser les traditions : Créez vos propres rituels qui reflètent vos besoins et vos envies plutôt que de suivre des attentes sociétales.
- Se reconnecter : Ecouter votre voix profonde et vos véritables besoins afin de vous positionner différemment.
- Prendre soin de soi : Accordez-vous du temps pour des activités qui vous apaisent, que ce soit lire, marcher ou méditer.
- Demander de l’aide : Parlez à un proche en qui vous avez confiance ou consultez un professionnel de la santé mentale si vous en ressentez le besoin.
En conclusion
Noël, bien qu’en général soit perçue comme un moment de joie et de féerie, peut être une source de souffrance pour de nombreuses personnes. En reconnaissant cette réalité et en s’accordant la liberté de vivre cette période différemment, il est possible d’adoucir la douleur et de redécouvrir un sens plus authentique des fêtes.